Que faire pour sauver le modèle social européen ?

Publié le par womensforum2011

25 personnes au début du débat,15 à la fin. L’Europe,visiblement,ne fait pas recette à Deauville.Une heure et demie pour s’interroger sur l’avenir du modèle social européen!
Une question bien vaste.D’ailleurs, on l’a senti : Diane Brady, la modératrice, a eu du mal à conclure au diagnostic. Malade ou définitivement condamné, le modèle social ?

Les 2 intervenants étaient plutôt d’accord sur l’analyse : l’Autrichienne Monika Queisser, responsable du département «Politiques Sociales » à l’OCDE. Et le Français Bruno Coquet, haut-fonctionnaire du Ministère du Travail.

debat-europeen-invites-de-face.jpg

       Monika Queisser et Bruno Coquet, intervenants de l'atelier du 14 octobre

Point de départ de la réflexion, la comparaison entre les systèmes sociaux européens et américains. Education, prise en charge des enfants avant l’entrée à l’école, remboursement des médicaments, retraites…L'Europe protège mieux ses citoyens que n’importe quel Etat américain.  
Mais est-ce que cela va durer? Bruno Coquet émet des doutes. Le représentant du Ministère du Travail  évoque la priorité des gouvernements, diminuer les dépenses publiques et donc faire moins de social !
A propos des retraites : « Les salariés ne sont pas prêts à payer davantage de charges sociales s’ils ne sont pas certains d’obtenir à la fin de leur carrière une retraite correcte ! On risque de créer comme en Russie un conflit de générations. Là-bas, des jeunes ont lancé une campagne parce qu’ils ne veulent plus payer pour les retraités pauvres !
"

Monika Queisser enchaîne : « Les retraités européens ne partent pas tous  à la retraite au même âge. A 61 ans en France alors que les Allemands ont décidé de l’accorder à 67 ans, dans quelques années. Impossible aujourd’hui en Europe d’imposer  une seule règle. Or, plus les gens travaillent longtemps, plus ils assurent le financement du modèle social ! Donc on n’a pas le choix : il faut  continuer à repousser  l’âge de départ à la retraite. » 

Autre volet de «l’Etat Providence», sur lequel les deux intervenants sont d’accord : la lutte contre le chômage par l’éducation et  la formation professionnelle. Il y a 20 % de jeunes sans emploi en Europe, le chiffre a doublé en 20 ans. Une participante grecque témoigne: « Avec la crise économique, je comprends que les jeunes dans mon pays aient envie de partir ailleurs ! »   

jeune-grec-au-chomage.jpg

                                        Un jeune manifestant grec à Athènes
  Photo de Grigoris Siamidi, agence Reuters, publié sur le site de l’Expansion.com  20/9/2010  


Monique Queisser suggère une solution : développer les filières d’apprentissage.
L’expert de l’OCDE encore, sur le traitement social du chômage de manière générale : « Laisser les gens décrocher du travail pendant plusieurs années, c’est catastrophique. On ne peut pas laisser des millions de personnes sur le carreau, sans aucune aide, comme aux Etats- Unis… »

Mais l’Europe vieillissante est victime de décroissance. On tourne en rond : pas de croissance, pas de jobs !  

Baisse des programmes sociaux à cause de la crise, moins d’argent pour la création d’établissements d’accueil de la petite enfance. Monika Queisser rappelle pourtant l’enjeu : « Peu de pays souhaitent que les femmes restent à la maison. Pour leur faciliter la vie professionnelle, les gouvernements n’ont pas le choix : ils doivent investir dans les crèches, les maternelles, l’aide à domicile … »
En France, c’est visiblement la stratégie inverse qui a été choisie ces derniers mois.

Et l’Europe dans tout ça ? « Elle ne prend aucune mesure sociale intéressante » résume Bruno Coquet. Le projet « Europe 2020 » (*) est  une coquille vide, les pays européens font chacun leurs petites affaires dans leur coin, aucune innovation sociale, aucune idée de régulation, aucune harmonie dans la fiscalité ! »

On aurait aimé entrevoir une lueur d’espoir dans cet échange entre experts. Globalement, on en est ressorti plutôt déprimé ! 
 
(*) Europe 2020,  programme de la Commission Européenne lancé en 2010. Son but : développer une croissance intelligente, durable et inclusive s'appuyant sur une plus grande coordination entre les politiques nationales et européennes.

Publié dans L'Europe

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article